Les terroirs méconnus derrière les appellations régionales de Bourgogne

03/05/2025

Les appellations régionales : un vaste vignoble aux multiples facettes

Avant de plonger dans le détail, rappelons ce que sont les appellations régionales. En Bourgogne, elles occupent la base de la fameuse pyramide des AOC (Appellations d’Origine Contrôlée). Pensez aux Bourgogne rouge, Bourgogne blanc, Bourgogne Aligoté ou encore Crémant de Bourgogne. Ces appellations couvrent environ 23 % de la production totale de la région, selon le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Mais si ces étiquettes génériques sont souvent considérées comme « simples », elles cachent parfois des trésors qui méritent qu'on s’y attarde.

Autant le savoir : derrière "Bourgogne rouge" ou "Bourgogne blanc", il peut y avoir des vignobles issus de terroirs bien spécifiques, souvent moins connus, mais capables d’offrir des vins de haut niveau. Ces zones bénéficient d’une typicité géologique et climatique stimulante pour les cépages bourguignons phares que sont le pinot noir et le chardonnay.

Les « Bourgogne Côte d’Or » : une mention précieuse

Introduite récemment, en 2017, l’appellation Bourgogne Côte d’Or renforce la visibilité des vins issus des communes de la Côte de Beaune et de la Côte de Nuits. Ce sous-ensemble des appellations régionales (qui ne couvre qu’une fraction du territoire des AOC génériques "Bourgogne") met en avant des parcelles souvent situées juste en dessous des Villages ou des Premiers Crus.

Quelques exemples notables ? Pensez aux vignes de Ladoix, Savigny-lès-Beaune ou encore Marsannay, dont des parties produisent à la fois des Bourgognes régionaux et des appellations plus prestigieuses. Ce focus géographique signifie souvent une meilleure qualité, car on s'approche des terroirs historiques majeurs de Bourgogne. Dans ces secteurs, l’influence du sol calcaire reste capitale, offrant fraîcheur et précision aux vins, qu’ils soient rouges ou blancs.

Les Hautes-Côtes : l’altitude change tout

Quand on monte vers les Hautes-Côtes de Beaune et les Hautes-Côtes de Nuits, on entre dans une autre dimension. Ces vignobles, situés à une altitude de 300 à 400 mètres, profitent d’un climat légèrement plus frais que les zones emblématiques de la Côte. L’évolution climatique des dernières décennies a d’ailleurs été largement bénéfique pour ces terroirs, équilibrant leur maturité avec plus de régularité.

Les sols y sont variés, mélangeant marnes, calcaires et argiles, et permettent de produire des Bourgogne régionaux lumineux, avec une tension réjouissante pour les blancs et des rouges épurés, à boire dans leur jeunesse. Par exemple, un Bourgogne blanc issu des Hautes-Côtes peut vous surprendre par sa fraîcheur citronnée et sa pointe d’épices. Souvent plus abordables, ces vins constituent une porte d’entrée idéale pour découvrir la région.

La Côte Chalonnaise : un vivier injustement sous-estimé

Un peu plus au sud, la Côte Chalonnaise est également une source précieuse d’appellations régionales captivantes. Les villages comme Rully, Mercurey ou Montagny ont leur propre appellation, c’est vrai, mais les AOC régionales produites dans cette zone n’ont rien à envier à leurs voisins plus célèbres. Les sols y sont aussi riches en marnes et calcaires, tandis que l’ensoleillement généreux favorise des vins à la fois éclatants et pleins de vivacité.

Un exemple à tester absolument : un Bourgogne rouge issu des parcelles proches de Givry, aux arômes de petits fruits rouges croquants et à la texture soyeuse. Ces terroirs, moins célèbres que ceux de la Côte d’Or, bénéficient d’un excellent rapport qualité-prix et proposent souvent des vins parfaits pour accompagner une cuisine conviviale.

Bouzeron et l’Aligoté : le duo singulier

Impossible de parler de la Côte Chalonnaise sans évoquer Bouzeron, le seul village de Bourgogne entièrement dédié à l’aligoté. Si Bouzeron possède sa propre appellation, une grande partie des aligotés de la région trouve leur place dans l’AOC régionale Bourgogne Aligoté. Vinifié en cuve ou fût, cet aligoté peut surprendre par sa vivacité et ses arômes d’agrumes, loin des clichés d’un simple vin de kir. Ce cépage, quand il est travaillé avec soin, peut offrir une délicatesse et une minéralité comparables à certains grands blancs de Bourgogne.

Le Mâconnais : un terroir en pleine ascension

Enfin, il serait impensable de parler des terroirs méconnus de Bourgogne sans mentionner le Mâconnais. Appellation régionale par excellence, le Mâcon (et ses déclinaisons comme Mâcon-Villages) regorge de petites pépites issues de vignerons en pleine révolution qualitative.

Les terroirs vallonnés du Mâconnais, souvent plus argileux que calcaires, donnent des blancs généreux et expressifs, aux notes de fruits mûrs mais toujours équilibrés par une belle fraîcheur. Les rouges, bien que moins représentés, peuvent surprendre par leur intensité et leur gourmandise. Dans des villages comme Lugny ou Viré, de nombreux jeunes vignerons revisitent le style traditionnel du Mâcon de façon brillante.

Pourquoi redécouvrir ces terroirs ?

Les appellations régionales de Bourgogne sont bien plus qu’une simple porte d’entrée vers la région : elles sont une véritable immersion dans des terroirs souvent éclipsés par leurs voisins plus prestigieux. Avec des prix plus abordables et une grande diversité de styles, ces vins permettent de voyager à travers la Bourgogne sans vider son portefeuille. Par ailleurs, leur potentiel qualitatif ne cesse de croître grâce aux efforts des vignerons soucieux de tirer le meilleur de chaque parcelle.

Alors, lors de votre prochaine visite dans une cave ou d’une commande en ligne, n’hésitez pas à interroger les vignerons ou cavistes sur les origines d’un Bourgogne générique. Vous pourriez être surpris de découvrir un vin issu d’un terroir oublié, mais loin d’être banal. Et ces découvertes, croyez-moi, ont souvent un charme irrésistible.

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