Révolution dans le vignoble : pourquoi les appellations régionales de Bourgogne s’élèvent-elles ?

09/05/2025

Appellation régionale : de quoi parle-t-on au juste ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient de bien comprendre ce que recouvrent les appellations régionales en Bourgogne. Ce terme désigne les vins issus de vignes réparties sur une aire géographique très large, souvent sur plusieurs centaines d’hectares, contre des parcelles bien plus restreintes pour les appellations communales ou les grands crus. Parmi ces appellations régionales, on retrouve des noms célèbres comme :

  • Bourgogne, qui est l’appellation la plus générale et s'étend sur toute la région.
  • Bourgogne Côte d’Or, une nuance introduite récemment (en 2017) pour valoriser davantage les parcelles situées dans ce secteur mythique.
  • Bourgogne Hautes-Côtes de Nuits ou de Beaune, désignant des vignobles en altitude, souvent en retrait des grandes pentes.
  • Crémant de Bourgogne, pour ne citer qu’un exemple spécifique.

Historiquement, les appellations régionales ont souvent servi de porte d’entrée à ce terroir d’exception. Mais elles étaient parfois réduites à un rôle mineur : des vins accessibles, confortables, avec un rapport qualité-prix abordable, mais rarement mis en avant comme des grands vins. Ce constat est aujourd’hui en train de voler en éclats.

Des consommateurs mieux informés et plus curieux

L’un des premiers facteurs de cette montée en gamme est à chercher du côté des amateurs eux-mêmes. Les consommateurs de vins, aujourd’hui, sont souvent bien mieux renseignés qu’il y a quelques décennies. Ils ne se contentent plus des grands noms ou des étiquettes prestigieuses comme Gevrey-Chambertin ou Puligny-Montrachet. Beaucoup veulent explorer les nuances, découvrir de nouveaux terroirs, et cela passe par une relecture attentive des appellations régionales.

Cette tendance s’inscrit également dans une quête de rapport qualité-prix. Là où les grands crus atteignent des prix stratosphériques — la Côte de Nuits capturant parfois des sommets à quatre chiffres — les appellations régionales offrent une alternative précieuse. Certains vignerons talentueux créent de véritables pépites dans ces classes d’appellations. À titre d’exemple, des domaines comme celui de Jean-Marc Roulot à Meursault produisent des Bourgogne Blanc qui rivalisent parfois en qualité avec des appellations village.

Une viticulture en pleine métamorphose

Ensuite, il faut parler du travail des vignerons. La montée en gamme des appellations régionales est intimement liée à leur engagement. Plusieurs d’entre eux ont choisi de repenser complètement leur approche, en adaptant une philosophie plus qualitative, y compris sur leurs cuvées issues d’appellations régionales.

Viticulture raisonnée, biologique ou biodynamique : De nombreux domaines sont passés au bio ou implémentent la biodynamie, même pour des vins issus des appellations les plus vastes. Cela implique un soin accru porté à la vigne, avec des interventions pointues pour assurer des rendements maîtrisés et une vendange de qualité irréprochable.

Travail précis au chai : Les choses ne s’arrêtent pas à la vigne. Les appellations régionales bénéficient aussi d’un travail plus exigeant lors de la vinification : des fermentations plus longues, un élevage en fût même pour ces cuvées, et un suivi méticuleux.

Par exemple, à la cave Jean-Claude Rateau à Beaune, leur cuvée de Bourgogne est travaillée avec la même philosophie que leurs Beaune 1er Cru, dans une recherche d’intégrité et d’expression du fruit la plus pure possible.

Les effets conjugués du climat et des politiques de délimitation

Il serait difficile d’expliquer la montée en gamme sans mentionner l’impact évident du réchauffement climatique. Tous les viticulteurs s’accordent sur ce point : certaines parcelles décriées il y a 30 ans pour leur fraîcheur excessive ou leur exposition limitée trouvent aujourd’hui une pleine expression grâce à des saisons plus chaudes et des maturités mieux atteintes.

C’est notamment le cas pour les zones plus en altitude comme les Hautes-Côtes, où les raisins arrivent désormais à parfaite maturité malgré leur emplacement en retrait. Il en découle des vins d’un équilibre remarquable, souvent marqués par une fraîcheur et une finesse qui séduisent de plus en plus d’initiés.

De plus, des efforts de délimitation géographique ont été faits par l’INAO (Institut national de l'origine et de la qualité). Par exemple, l’apparition de l’appellation Bourgogne Côte d’Or vise à distinguer les vins issus de cette aire d’exception qu’est la Côte d’Or des autres Bourgogne plus génériques.

Des efforts visibles sur l’étiquetage et la communication

Enfin, il faut reconnaître que les appellations régionales bénéficient aujourd’hui d’un travail de communication important. Les vignerons, les coopératives et les organismes comme le BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne) plaident pour une valorisation de ces vins. Le travail sur les étiquettes, par exemple, met de plus en plus en avant des précisions comme la mention du climat ou du lieu-dit, même au sein des Bourgogne AOC.

Pour un amateur, cela change tout : une étiquette indiquant « Bourgogne Les Bons Bâtons » ou « Bourgogne Côte d’Or La Chapelle Notre-Dame » résonne différemment d’un simple « Bourgogne ». Cela guide, intrigue, et incite à l’achat.

Un avenir prometteur pour ces terroirs sous-estimés

La montée en gamme des appellations régionales n’a rien d’une mode passagère. Elle témoigne au contraire de l’engagement d’une génération de vignerons et de consommateurs à la recherche de vins sincères, représentatifs et éclatants de leur terroir. Grâce à des pratiques viticoles exigeantes, à des évolutions climatiques parfois surprenantes, et à une curiosité grandissante pour le vin « autrement », ces appellations trouvent désormais la place qu’elles méritent.

Alors, la prochaine fois que vous passez devant un Bourgogne Hautes-Côtes de Nuits ou un Bourgogne Côte d’Or, ne vous fiez pas uniquement à son statut d'entrée de gamme. Vous pourriez bien découvrir une bouteille digne des plus grands plaisirs ! Passez à la cave, ou consultez un caviste pour connaître les domaines qui se démarquent : je me ferai un plaisir de vous guider.

En savoir plus à ce sujet :

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