L’aligoté est un cépage blanc typiquement bourguignon, bien que l’on puisse très occasionnellement le croiser dans d’autres régions françaises. On estime qu’il couvre aujourd’hui environ 1700 hectares en Bourgogne, soit près de 6 % de l’ensemble du vignoble régional (données 2021, source : BIVB). C’est peu, surtout si on le compare au chardonnay et au pinot noir. Pourtant, c’est un cépage qui a su conserver une identité propre grâce à son acidité marquée et à sa fraîcheur naturelle.
Mais au-delà de ces attributs généraux, l’aligoté réserve bien des surprises. Bien travaillé, il peut offrir des vins variés : de vifs et légers à complexes et savoureux.
Le Bourgogne Aligoté n’est pas un vin uniforme. Selon où il est cultivé, comment il est vinifié, et même l’âge des vignes, il révèle des facettes très diverses. Voici un aperçu des principaux styles que vous pouvez retrouver.
C’est souvent à ce vin que les amateurs pensent en premier. Cet aligoté traditionnel incarne tout ce que l’on aime dans un vin blanc basique et convivial : une acidité tranchante, des notes citronnées, et une légèreté rafraîchissante. Avec ses arômes dominants d’agrumes, de pomme verte et de fleurs blanches, il excelle comme vin apéritif.
Il est également célèbre pour jouer le rôle principal dans un kir, ce cocktail bourguignon à base d’aligoté et de crème de cassis. Même à table, ce style accompagne joliment des plats simples comme un plateau d’huîtres, une salade croquante ou des escargots de Bourgogne.
Un autre visage du Bourgogne Aligoté s’exprime à travers les vieilles vignes. Les pieds d’aligoté anciens, souvent centenaires, sont enracinés profondément dans les sols, puisant une richesse minérale unique. Ces cuvées affichent plus de densité, des arômes complexes (notes de fruits secs, de miel, et parfois une pointe grillée), et une belle longueur en bouche.
On trouve ces vins dans des climats spécifiques comme Bouzeron, une appellation à part entière dédiée à l’aligoté. D’ailleurs, certains domaines comme Aubert de Villaine, co-gérant du célèbre Domaine de la Romanée-Conti, font des merveilles à Bouzeron, donnant à l’aligoté la noblesse qu’il mérite.
Autre style en plein essor ces dernières années : les aligotés vinifiés et/ou élevés en fûts de chêne. Cette approche, empruntée au chardonnay, révèle de nouvelles dimensions aromatiques. Une fermentation en barriques, suivie d’un élevage maîtrisé, donne aux vins une texture plus ample, des arômes vanillés discrets ou de noisette, et une sensation de rondeur en bouche.
Ces aligotés plus travaillés s’accordent bien avec des plats plus riches, comme une volaille à la crème ou des poissons en sauce.
Dans la mouvance des vins naturels, certains vignerons choisissent de vinifier l’aligoté avec peu ou pas de soufre, parfois en macération pelliculaire pour en extraire plus de structure et de couleur. Ce style audacieux donne des vins plus sauvages, parfois légèrement troubles mais bourrés de fraîcheur et d’énergie. On y détecte parfois des arômes surprenants de fruits fermentés, mais aussi une minéralité éclatante.
Ces cuvées, souvent irrégulières, passionnent les amateurs de découvertes et se marient bien avec des cuisines exotiques ou des fromages de caractère.
Comme pour le chardonnay et le pinot noir, le concept de terroir joue un rôle crucial dans l’expression des vins d’aligoté. L’aligoté planté sur des sols calcaires, typiques de lieux comme Bouzeron, donne des vins vivaces, racés et minéraux. À l’inverse, sur les terroirs argileux, on obtient des profils plus ronds et fruités.
Un exemple fascinant de cette connexion entre terroir et style se trouve sur la Côte Chalonnaise. Dans cette zone, l’aligoté s’exprime souvent avec une belle tension, parfaite pour des assemblages ou des cuvées monocépages éclatantes. On retrouve également une forte présence d’aligoté dans l’Yonne, où il montre une fraîcheur encore plus ciselée.
L’histoire de l’aligoté en Bourgogne est curieuse. Longtemps relégué à un rôle secondaire, il a été planté dans des parcelles moins propices au chardonnay ou au pinot noir. Pourtant, certains vignerons l’ont toujours travaillé avec soin. Aujourd’hui, il connaît un regain d’intérêt grâce à la tendance des blancs plus digestes et au retour en grâce des vins frais.
De grands domaines et micro-négoce redonnent ses lettres de noblesse à ce cépage oublié. Ils montrent qu’un aligoté bien travaillé peut rivaliser avec certains chardonnays en termes de complexité. Les amateurs commencent à le redécouvrir avec enthousiasme, notamment sur les marchés export où son positionnement tarifaire reste attractif (on trouve de superbes aligotés entre 10 et 25 euros).
Envie de plonger dans le monde fascinant de l’aligoté ? Voici quelques noms emblématiques pour démarrer votre exploration :
Le Bourgogne Aligoté pourrait bien devenir votre nouvelle pépite blanche. Derrière sa simplicité initiale se cache une incroyable polyvalence, capable de satisfaire des goûts très variés. Que vous recherchiez un vin éclatant pour un apéritif improvisé ou une cuvée sophistiquée à partager lors d’un grand repas, l’aligoté a sans doute quelque chose à vous offrir. Alors, la prochaine fois que vous passez en cave ou chez un caviste curieux, laissez-vous tenter par ce cépage unique… et racontez-moi vos découvertes !
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